Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/94

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cléanthis.

Quoi ! Le prince tantôt ne vous a pas commis
Le soin officieux d’attendrir Criséis ?
Et vous, n’avez-vous pas pris soin de la réduire ?

démocrite.

Cela peut être vrai ; mais bien loin de vous nuire,
Ce jour verroit Ismène entre les bras du roi,
S’il vouloit de son choix se rapporter à moi :
C’est un fait très constant.

cléanthis.

C’est un fait très constant.Je veux bien vous en croire.
Mais pour ne point donner d’atteinte à votre gloire,
Partez.

démocrite.

Partez.Soit : j’ai pourtant de quoi rire à mon goût,
En ces lieux plus qu’ailleurs, et des femmes surtout.

cléanthis.

Et de qui ririez-vous ?

démocrite.

Et de qui ririez-vous ? Mais de vous la première,
De votre air. Vos habits, vos mœurs, votre manière,
Tout en vous, haut et bas, est artificieux.
Pour paroître plus grande, et pour tromper les yeux ;
On voit sur votre tête une longue coiffure,
Et sur de hauts patins vos pieds à la torture ;
En sorte qu’en ôtant ces secours superflus,
Il ne resteroit pas un tiers de femme au plus.

cléanthis.

Il nous en reste assez pour, telles que nous sommes,