Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/96

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C’est mon système à moi : l’esprit croit dans le vin ;
Je m’en sens déjà plus trois fois que ce matin.
Je me venge à longs traits de la philosophie.

(à Cléanthis.)

Hé ! Vous voilà, princesse, infante de ma vie !
Vous voyez un seigneur fort satisfait de soi,
Un convive échappé de la table du roi :
Il tient bon ordinaire, et je l’en félicite.

cléanthis.

Au disciple fameux du savant Démocrite,
Plus qu’à nul autre humain, cet honneur étoit dû.

strabon.

C’est un petit repas que le roi m’a rendu :
Nous nous traitons parfois.

cléanthis.

Nous nous traitons parVous ne sauriez mieux faire :
Rien ne fait des amis comme la bonne chère,
Quoiqu’on embrasse ici des gens de tous métiers,
Bien moins pour l’amour d’eux
que de leurs cuisiniers.

strabon.

Cet honneur, quoique grand, ne me toucheroit guère,
Si je n’étois bien sûr du bonheur de vous plaire.
Vous aimer est un bien pour moi plus précieux
Qu’être admis à la table et des rois et des dieux ;
Et l’on ne leur sert point, même en des jours de fêtes,
De morceau si friand à mon goût que vous l’êtes.

cléanthis.

N’êtes-vous point de ceux dont l’usage est connu,
Qui ne sont amoureux que quand ils ont bien bu ;