Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/99

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strabon.

Je ne sais.Oh, parbleu ! Vous vous moquez de nous.
De quelle espèce donc, s’il vous plaît, êtes-vous ?

cléanthis.

Je fus fille autrefois, et pour telle employée.

strabon.

Je le crois.

cléanthis.

Je le crois.À quinze ans je me suis mariée :
Mais, depuis le long temps que sans époux je vis,
Je ne saurois passer pour femme, à mon avis ;
Ni pour veuve non plus, puisqu’en effet j’ignore
Si le mari que j’eus est mort, ou vit encore.

strabon.

Ce discours, quoique abstroit, me paroît assez bon.
Je ne suis, comme vous, homme, veuf, ni garçon :
Et mon sort, de tout point, est si conforme au vôtre,
Qu’il semble que le ciel
nous ait faits l’un pour l’autre[1].

cléanthis, à part.

Homme, veuf, ni garçon !

strabon, à part.

Homme, veuf, ni garçon ! Fille, femme, ni veuve !

cléanthis, à part.

Le cas est tout nouveau.

strabon, à part.

Le cas est tout nouveau.L’aventure est très neuve.

(à Cléanthis.)

Depuis quand, s’il vous plaît,
vivez-vous sans époux ?

  1. Après ce vers, il en manque deux de rime masculine.