Page:Regnaud - Le Chariot de terre cuite, v2.djvu/116

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Maitreya. — Eh bien ! la suivante, est-ce que vous (145) voulez coucher ici ?

L’esclave, riant. — Décidément, vous vous montrez trop indiscret (146), seigneur Maitreya.

Maitreya. — Ne vous semble-t-il pas, mon ami, que Parjanya (147) revient nous faire visite sous la forme de grosses gouttes de pluie, et veut nous chasser en quelque sorte des sièges sur lesquels nous sommes assis ?

Chârudatta. — Tu as raison, mon ami.

« Les gouttes de pluie pareilles aux aiguilles des racines de lotus (148) et traversant les nuages comme celles-ci traversent le fond des marécages, semblent des larmes que verserait le ciel dans le chagrin que lui cause la disparition de la lune.

« Les nuages, noirs comme la tunique de Baladeva (149) et paraissant épancher le trésor de perles d’Indra, s’écoulent en gouttes épaisses, aussi pures que la conscience d’un homme d’honneur et lancées avec autant d’impétuosité que les traits d’Arjuna (150). »

Et vous, chère Vasantasenâ, voyez,

« Le ciel est pour ainsi dire oint (151) de nuages, comme d’une couche de collyre aussi noir que le tamâla (152) ; les brises du soir parfumées et fraîches se réunissent (153)