Page:Regnaud - Le Rig-Véda et les origines de la mythologie indo-européenne.djvu/16

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tous les documents grammaticaux, lexicographiques et exégétiques indigènes relatifs au Rig-Véda, ont été consultés par ces savants, non seulement ils ont tenu compte des indications parfois si précieuses fournies par le Nirukta, les Prâtiçâkhyas, Pânini et ses commentateurs, sans oublier l’étude de la langue et des idées des ouvrages qui, comme les Brâhmanas, et les anciennes Upanishads, se rapprochent le plus ou, pour mieux dire, s’éloignent le moins pour le fond et la forme des mantras védiques, mais la phraséologie et le contexte des hymnes furent l’objet de leur part d’une attention particulière. En un mot, joignirent à l’entremise brahmanique et à l’emploi des auxiliaires extérieurs l’examen personnel et interne des Védas. De plus, certains d’entre eux ébauchèrent une explication générale, une sorte d’hypothèse synthétique, qui dominait les détails et permettait de les rattacher tous à un centre commun.

C’est ainsi que Kuhn, dans son mémoire célèbre sur la descente du feu, s’efforça de faire dépendre toute la mythologie védique de l’impression causée par les phénomènes de l’orage et la lutte de la lumière contre les ténèbres, tandis que M. Max Müller y vit plutôt le résultat des spectacles lumineux comme celui de l’aurore, des deux crépuscules et du soleil s’élevant radieux au-dessus de l’horizon ou planant dans tout son éclat centre de la voûte céleste. L’un et l’autre s’accordèrent d’ailleurs pour reconnaître dans les grandes forces de la nature, — qu’elles apparussent plutôt unies à l’obscurité du ciel brumeux ou aux ténèbres nocturnes sous la forme de la tempête, de la pluie d’orage, du nuage grondant et sillonné d’éclairs et des hôtes mystérieux et terribles de la nuit, ou qu’elles se manifestassent plus particulièrement sous l’aspect du feu terrestre et de lumière sidérale et solaire, — comme le principe et la source des sentiments qui animaient les chantres védiques et des conceptions bizarres ou grandioses qui constituent la partie mythique de leurs œuvres.

Les choses en étaient là quand Bergaigne essaya de montrer tout ce que ces hypothèses avaient de vague et d’incertain et proposa de les laisser au moins provisoirement de côté, pour