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LES PERSES ET LES IRANIENS

ive siècle, s’étendit du Turkestan et de la Chine jusqu’à l’Afrique du nord et à l’Espagne et qui succomba seulement, après une longue et héroïque résistance, sous de meurtrières persécutions.

21. Mani ou Manichée, né en Babylonie, mais d’une mère de souche arsacide, fut instruit par les mages et se présenta, comme réformateur du zoroastrisme, au roi de Perse Sapor Ier (mars 242 ap. J.-C.). Mal reçu, il fit de longs voyages pour recruter des disciples ; il se disait l’envoyé de Dieu, à l’exemple de Zoroastre, de Buddha et de Jésus. Revenu en Perse, il y convertit le frère du roi ; mais le clergé zoroastrien jeta feu et flamme contre lui, et, à l’âge de 60 ans, il fut mis en croix et écorché (276).

22. La doctrine de Mani, prêchée par des disciples enthousiastes, a puisé ses dogmes essentiels dans les religions de la Babylonie et de la Perse ; mais le buddhisme et le christianisme y ont également contribué.

23. L’idée dominante est l’opposition de la lumière et des ténèbres, qui sont le bien et le mal. Le monde visible résulte du mélange de ces éléments éternellement hostiles. Dans l’homme, l’âme est lumineuse, le corps obscur ; dans le feu, la flamme et la fumée représentent les deux principes ennemis. De là découle toute la morale manichéenne, qui a pour but l’affranchissement des parties lumineuses, celui des âmes qui souffrent dans la prison de la matière. Quand toute la lumière captive, quand toutes les âmes des justes seront remontées au soleil, la fin du monde arrivera à la suite d’une conflagration générale. Dans la pratique, les hommes se divisent en parfaits ou élus et en simples