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LE MANDÉISME

trouve les Pauliciens en Arménie (viie-xiie siècle), les Bogomiles en Thrace (xe-xie siècle). Les empereurs byzantins, surtout Alexis Comnène, poursuivirent ces sectaires inoffensifs par le fer et le feu. Au xie siècle, le manichéisme, apporté par le commerce du Levant, pénétra dans la France méridionale et y donna naissance à la puissante secte des Cathares que l’Inquisition extermina. Nous raconterons plus loin cette douloureuse histoire, en exposant celle du christianisme médiéval.

28. Un mélange extravagant d’idées babyloniennes, perses, juives et chrétiennes caractérise la secte des Mandéens. Leur nom vient de Manda, « science », mot qui répond au grec gnosis ; les Mandéens sont donc des « gnostiques». Mani, dans sa jeunesse, avait appartenu à cette secte ; Mahomet la mentionne, à côté du judaïsme et du christianisme ; il en existe encore des adeptes au sud de Bagdad. Les Mandéens ont un corps de livres sacrés, le Ginzâ, dont le fond remonte à l’époque sassanide. Leur rite essentiel est le baptême, qu’ils prodiguent, ce qui les a fait appeler « Sabéens baptistes » ou même « Chrétiens de saint Jean », malgré leur hostilité pour le christianisme. Dans le Ginzâ, ils se nomment d’ordinaire Nàsôrâjê (Nazaréniens), vocable qui paraît se rattacher à une racine nsr signifiant « secourir, protéger », que l’on retrouve dans le nom actuel des Nos’airi syriens. Aux yeux des Mandéens, saint jean était le vrai prophète et Jésus un imposteur. Leur morale condamne le célibat et toute espèce d’ascétisme ; ils pratiquent une sorte de communion avec du pain sans levain et de l’eau, à laquelle on