Page:Reinaud - Mémoire sur le Périple de la mer Érythrée.djvu/17

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siècle, le siège du royaume avait été rapproché des côtes ; la capitale était la ville d’Axum, située à quelques journées de la mer, et ayant pour port un lieu alors très-fréquenté, nommé Adulis. Au moment où le navire arrive à Adulis, le pays était sous les lois d’un prince indigène, qui est nommé Zos-calès[1], et qui, comme la plupart des princes barbares de l’époque, était initié aux lettres grecques. C’est le nom de ce prince qui a servi de principal argument à M. Charles Müller pour placer la rédaction du Périple à l’an 80 de notre ère.

Les chroniques éthiopiennes ne commencent, à proprement parler, qu’après le xe siècle de notre ère. Pour les temps qui précèdent, nous n’avons que des listes de noms de rois, et encore ces listes ne s’accordent pas toujours entre elles. Ces listes furent publiées par l’agent anglais Salt en 1816[2], et elles ont été reproduites avec plus d’exactitude, en 1853, par un orientaliste allemand, M. Dillmann[3]. Ordinairement les noms des personnages sont précédés des lettres z-a, dont le sens n’a pas, jusqu’ici, été déterminé. Or, à l’exemple de Salt, M. Müller remarqua, sous une date qui répond à peu près à l’année 80 de notre ère, un roi appelé Héglé. M. Mûller n’hésita pas à reconnaître là le nom de Zoscalès.

Mais, à mon tour, je trouve dans les mêmes listes, sous une date qui répond aux années 246 et 247 de notre ère, un prince du nom de Sacjal ou Asgal, et ici la forme se rapproche davantage de la forme grecque.

Le navire, après avoir vogué jusqu’au Zanguebar, revient au fond de la mer Rouge et relâche sur la côte d’Arabie, au lieu

  1. Ζωσϰάλης. (Voyez à la page 261 du texte imprimé.)
  2. Voyage en Abyssinie, tome II de la traduction française, p. 244 et suivantes.
  3. Journal de la Société orientale d’Allemagne, t. VII, page 338.