Page:Reinaud - Mémoire sur le Périple de la mer Érythrée.djvu/23

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Ensuite le navire remet à la voile, et, se dirigeant vers le sud, par la côte de Perse, sort du golfe Persique et cingle vers les bouches de l’Indus. Après six jours de navigation, le navire relâche dans un lieu appelé Omana, qui était alors le rendez-vous des négociants de l’Inde, d’Obollah, de la côte de l’Arabie méridionale et de la mer Rouge. Il arrive ensuite dans un lieu de la côte qui était indépendant de la Perse et qui s’appelait Oræa. Sa situation était dans une baie du milieu de laquelle sortait un promontoire, près de l’embouchure d’un fleuve navigable ; à sept journées, dans l’intérieur des terres, était une ville où résidait le roi du pays[1].

M. Charles Müller place Oman sur la côte méridionale de Perse, aux environs de la ville de Tiz. Quant à Oræa, il l’avance du côté de l’est, dans le pays des Orites. J’ose n’être pas de l’avis de M. Müller. Omana me paraît devoir être placée à l’entrée du golfe Persique, dans les environs d’Ormus. Le nom d’Ormus remonte à une haute antiquité, et, bien que la ville ait plusieurs fois changé déplace, sa position à l’entrée du golfe Persique lui conserva nécessairement de l’importance. Un auteur persan rapporte qu’Ardeschir, en montant sur le trône, s’attacha à restaurer cette ville. Ses successeurs suivirent son exemple[2]. Il me semble donc que le navire, ayant besoin de se ravitailler, ou bien ayant quelques ballots à prendre ou à laisser, ne pouvait se dispenser de faire une station en ce lieu. Quant à la dénomination d’Oman, elle s’applique ici au Kerman et à toute la côte du royaume de Perse, qui était baignée par l’océan Indien. D’où venait cette dénomination ? Venait-elle du nom de la contrée qui forme le sud-est de la presqu’île de l’Arabie ? Ce qu’il y a de positif, c’est que l’au-

  1. P. 286.
  2. Traduction de Mirkhond par Silvestre de Sacy, p. 277 et 293.