Page:Reinaud - Mémoire sur le Périple de la mer Érythrée.djvu/30

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Ce serait ici Le lieu de déterminer au juste la résidence du roi de l’Inde avec lequel traitèrent successivement les rois Bahram-gour et Kosroès-Nouschirvan. Il faudrait, à la même occasion, fixer les lieux dont le nom se trouve dans le Périple, et parler aussi des lieux correspondants dont Hiouen-thsang a fait mention. Malheureusement les noms cités par l’auteur grec sont incertains et peut-être altérés ; il en est de même des noms cités par Hiouen-thsang. Pour les noms chinois, il y a un embarras particulier, c’est la manière imparfaite dont les mots étrangers sont rendus dans l’alphabet chinois. En chinois, il manque certaines articulations, par exemple la lettre r, qu’on exprime par un l ou un t ou un d, ou qu’on n’exprime pas du tout. Certains signes, qui devraient répondre à une seule articulation, sont ordinairement rendus en chinois par tout un groupe de lettres. Ajoutez à cela que, de même que dans l’Inde et même chez nous, la prononciation chinoise a varié suivant les temps et les lieux ; que, d’ailleurs, dans les livres imprimés en Chine, il a pu et dû se glisser des fautes. Il résulte de là qu’en général les mots étrangers, transcrits en chinois sont méconnaissables. Pour les rétablir, il faut qu’on les connaisse d’ailleurs, ou bien que l’auteur chinois ait pris la peine d’entrer dans quelques explications[1].

Les inconvénients de l’écriture chinoise sont tels, que les Chinois eux-mêmes, quand il s’agit d’un mot étranger, et que

  1. On trouvera quelques détails à ce sujet dans mon Mémoire sur l’Inde, p. 33 et suiv. D’ailleurs, il suffit de rappeler certains incidents des dernières expéditions anglaises et françaises en Chine. (Voyez, entre autres ouvrages, les deux volumes que M. Sinibaldo de Mas vient de publier sous le titre de La Chine et les puissances chrétiennes, notamment t. I, p. 14 ; t. II, p. 250.) La question a été abordée d’un autre côté par le sinologue M. Pauthier, et M. Pauthier est arrivé à des résultats analogues. (Voyes son Rapporteur la grammaire japonaise de M. Pagès, Journal asiatique de septembre 1861, p. 272 et suiv.) Il en a été de même pour M. Léon de Rosny, dans son Essai sur la langue chinoise.