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Page:Reinaud - Mémoire sur le Périple de la mer Érythrée.djvu/35

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son, pour exprimer le nombre sept, les Grecs disaient έπτά et les Latins septem[1]. Enfin le b, le p et l’m peuvent permuter ensemble. En Chine, tandis que le nom de Bouddha s’écrit fo, le nom du Bengale est écrit, suivant les provinces, mang-ga-la et mang-ga-la. Appliquons le même procédé à la dénomination chinoise. Dans Pi-tchen-pho, nous aurons un p à la place du b et du v, un tch ou ch à la place de h ou s, et un ph à la place de m. Il n’en faut pas davantage, et j’ai l’avantage d’arriver ainsi avec une ville réelle et un lieu parfaitement déterminé.

Peut-être, dans l’esprit des indigènes, Vasmapoura et Bahmapoura étaient-ils la forme contractée d’une dénomination plus développée. Serait-ce l’équivalent de Vasoumana-poura[2] ? Ce n’est pas une simple supposition que je fais ; telle était la coutume des Indieas. C’est dans un esprit littéraire et pour faire preuve de savoir que Hiouen-thsang a ordinairement transcrit les dénominations géographiques indiennes en leur entier. Son compatriote Fa-Hian, qui visita l’Inde un peu plus de deux cents ans avant lui, emploie souvent des formes contractées et quelquefois difficiles à rétablir. Il serait encore possible que les indigènes, au lieu de poura, prononçassent nagara, si, comme je suis porté à le croire, la ville en question est la même que Minnagara, dont parlent Ptolémée et le Périple, et qui se présentera bientôt à notre attention. Quoi qu’il en soit, par une coïncidence remarquable, une ville du nom de Minpolis[3] est placée, par Isidore de Kharax, dans le voisinage de l’Indus.

  1. Voici les diverses formes sous lesquelles le nombre sept a été exprimé dans les langues indo-européennes : en sanscrit saptan, en zend, haftan, en grec έπτά, en latin septem, en allemand sieben, en gothique sibun, en lithuanien septyny, en arménien eutan. (Voyez Bopp, Vergleichende Grammatik, nouvelle édition, t. II, p. 74.)
  2. Sur le moi Vasoamanas, voyez la note 3 de la page 25, et le mémoire de Bohlen, déjà cité.
  3. Μὶνπόλις. ( Voy. le premier volume de la nouvelle édition des Petits Géographes grecs, p. 253)