Page:Reinaud - Mémoire sur le Périple de la mer Érythrée.djvu/43

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lés. Les écrivains persans affirment qu’Artâban, le dernier roi arsacide, avait quatre fils, et qu’après sa chute, deux des fils, notamment l’aîné, qui s’appelait aussi Bahman, s’enfuirent dans la vallée de l’Indus[1]. Peut-on voir un concours de témoignages plus saisissant ?

Le Périple attribue une vaste étendue à l’Indo-Scythie, et l’on peut induire du tableau qu’il en fait que les réfugiés parthes l’avaient subjuguée tout entière. La faisant commencer au Kachemire et ne la faisant finir qu’à la mer, il y comprend, non-seulement les provinces conquises par Alexandre, et où, dit-il, on voyait encore des traces du passage des Macédoniens, mais les contrées voisines jusqu’au Gange et au golfe de Cambaye. Parmi les populations qu’il cite sont les Aratri, les Arakhosiens, les Gandhariens et la province de Peukélaïs, où Alexandre fonda Bucéphalie, pays sur lesquels il y aurait à dire des choses intéressantes, mais qui nous détourneraient de notre sujet.

Ainsi qu’au temps de Ptolémée, la capitale de ce vaste État était la ville de Minnagara, située sur les bords de l’Indus, non loin de la mer. Voilà un nom contre lequel sont venus se heurter tous les érudits, sans qu’ils aient pu rien imaginer de satisfaisant.

Minnagara est-il la forme contractée de Bahmana-nagara, ce qui lèverait toutes les difficultés ? Ou bien est-ce, comme l’ont pensé quelques savants, un composé de mina appliqué à une population scythe et du mot nagara ? Si Minnagara a été le chef-lieu d’une principauté quelconque pendant l’occupation du pays par les Indo-Scythes, il est singulier que les écrivains chinois n’en aient pas fait mention. Il n’est pas moins surpre-

  1. Tableau historique de l’Orient, par Mouradgea d’Ohsson, t. II, p. 158 et suiv. Schah-Nameh, édition de Calcutta, t. III, p. 1364 et suiv.