Page:Reinaud - Mémoire sur le Périple de la mer Érythrée.djvu/44

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nant que, tandis que les Indo-Scythes, ainsi qu’on le verra dans mon mémoire sur l’empire romain, furent en rapport constant d’amitié avec les Romains, il n’en soit point parlé d’une manière particulière dans les écrits latins et grecs. Strabon répète ce qui avait déjà été dit par les compagnons d’Alexandre ; mais il ne donne qu’une idée vague de ce qui avait lieu de son temps.

Les écrivains latins qui parlent des Indo-Scythes emploient toujours le mot Bactriens, sans doute parce que le siège de l’empire était dans la Bactriane. Si l’Indo-Scythie est nommée par Ptolémée et l’auteur du Périple, ce n’est qu’en passant. Tout ce qu’on peut inférer de leur récit, c’est que, de leur temps, Minnagara était une place importante, que sa situation était dans l’intérieur des terres, sur les bords de l’Indus, à la place ou du moins dans le voisinage de la Bahman-abâd des Arabes et des Persans, de la Pi-tchen-pho-pou-lo des Chinois et de la Tattah actuelle. Un missionnaire allemand, qui a récemment exploré la contrée, dit que le mot nagara est maintenant le terme employé par les indigènes dans le sens de ville, et que Tattah porte le titre de Nagara par excellence. Il dit, de plus, qu’on voit encore, aux environs de Tattah, les ruines d’une ancienne ville appelée du nom de Banbhana, ce qui ne s’éloigne pas de Bahmana. Il est à regretter que le missionnaire, visitant un pays si riche en souvenirs, ne fût pas mieux au courant des questions géographiques auxquelles il donne lieu ; autrement il nous en aurait probablement appris davantage[1].

L’occupation de la vallée de l’Indus par des réfugiés parthes

  1. Journal de la Société orientale d’Alemagne, année 1861, p. 696. (Voyez, du reste, la relation d’Alexandre Burnes, t. I de la traduction française, p. 31 et 78, et celle de Pottinger, t. II, p. 189.