Page:Reinaud - Mémoire sur le Périple de la mer Érythrée.djvu/47

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prospérité, et qui, aux changements de lieu près, n’ont rien perdu de leur importance. Le navire, après avoir quitté les bouches de l’Indus, passe devant le golfe de Kutch, et, pénétrant dans le golfe de Cambaye, va jeter l’ancre dans le port de Barygaze, Pline ne parle que d’une manière Vague de la contrée dont le navire vient de longer la côte. Il en est de même de Strabon, qui se contente de faire mention d’une ville appelée Saraosti, ville qui, suivant lui, aurait fait partie des pays occupés par les rois grecs de la Bactriane[1]. Quant à Ptoléraée et à fauteur du Périple, ils placent dans cette contrée l’Abhirie et la Syrastrène, et ils font suivre ces deux provinces d’une vaste région, qu’ils nomment, le premier Lance, et l’autre Ariaca.

Qu’est-ce que la Syrastrène et qu’est-ce que l’Abhirie ? La Syrastrène répond en partie à ce que nous nommons le Guzarate. Cette province fut ainsi appelée du nom de sa capitale, Syrastra, ou, comme disent les indigènes, Sourachtra. Par sa situation sur les bords de la mer, cette ville fut de bonne heure une place de commerce considérable. Elle paraît répondre au lieu que Strabon nomme Saraosti : c’est peut-être aussi le même que Pline appelle Horatae. Suivant cet auteur, le roi des Horatœ entretenait seize cents éléphants, et pouvait mettre cent cinquante mille hommes sur pied. Sa capitale était entourée de fossés toujours remplis d’eau et gardés par des crocodiles[2]. Si ce rapprochement est exact, le temps de Pline est celui où Sourachtra jouit de la plus grande prospérité. Quant à l’Abhi-

  1. Strabon, liv. XI, ch. XI (p. 443 de l’édition Didot).
  2. Comparez le témoignage de Pline, livre VI, chapitre XXIII, et le mémoire de M. Vivien de Saint-Martin, dans le Recueil des mémoires de savants étrangers, publié par l’Académie des inscriptions, tome V, page 358. Les Horatae de Pline répondent probablement à ce qui est nommé par Cosmas Orrhotha. (Voy. Mont-faucon, Bibliotheca nova Patram, t. II, p. 113.)