Page:Reinaud - Mémoire sur le Périple de la mer Érythrée.djvu/9

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Thines, et que le pays des Thines était situé au dehors de cette mer[1].

D’un autre côté, il y a deux ou trois endroits où l’auteur semblerait n’avoir pas connu le traité de Ptolémée. Au temps du Périple, comme au temps de Ptolémée, les navires romains et persans ne doublaient pas encore le cap Comorin. Arrivé à cette limite, l’auteur oublie de faire mention d’un point de la côte du Coromandel dont parle Ptolémée, et d’où les navigateurs indigènes avaient coutume de se diriger droit à f est pour arriver à Malaka[2]. C’est un point qui mérite qu’on s’y arrête un moment,

Ptolémée dit que, de son temps, les navires, lorsqu’ils étaient arrivés près de l’embouchure du Mœsolus, mettaient à la voile pour la Chersonèse d’Or, c’est-à-dire la presqu’île de Malaka. Le Mœsolus est, suivant d’Anville, la Kitsna ou Crichna, nom d’un demi-dieu indien, donné probablement à ce fleuve après que le culte brahmanique se fut établi dans le sud de la presqu’île, c’est-à-dire quelque temps après notre ère. Ce qui confirme cette opinion, c’est le nom de la ville de Masulipatan, bâtie à l’embouchure du fleuve, et dont la terminaison patan a la signification, en tamoul, de ville. Quant à l’endroit précis d’où les vaisseaux faisaient voile vers l’est, le major Rennel, dont l’autorité est grande dans ces matières, paraît croire que c’était le cap Gordeware, situé un peu au nord, à l’embouchure du Godaveri[3].

Quoi qu’il en soit, l’on ne peut méconnaître que, depuis l’Égypte jusqu’à l’extrémité de la côte du Malabar, les indications du Périple sont précises et méritent d’être prises en grande

  1. Page 303 de l’édition de M. Charles Müller.
  2. C’est le lieu nommé Άφεθήριον. (Voyez la Géogr. de Ptolém. liv. VII, ch. 1, n°15.)
  3. Description de l'Indostan, t. 1 de la traduction française, p. 38.