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CHAPITRE SIXIÈME

autrichien pendant que les Piémontais reprenaient leurs postes en face de l’ennemi. Le roi avait envoyé en avant ses équipages ; par un malentendu regrettable tout le service de sa maison partit, même sa propre voiture. On resta à la lettre vingt-quatre heures sans manger.

Au bout de quelques heures, les officiers parlementaires revinrent avec une réponse adressée au général Bava. Les conditions de l’armistice étaient la restitution de Venise, des duchés et de Peschiera et la retraite de l’armée piémontaise sur l’Adda. Le roi monta à cheval, alla à Goïto, il réunit autour de lui les princes et les généraux et leur fit à haute voix lecture de la réponse autrichienne. Puis, avec beaucoup de calme et d’énergie, il ajouta : « Messieurs, maintenant je ne demande plus d’avis. Plutôt mourir que le déshonneur. Ces conditions sont inacceptables, humiliantes. Demain, à quatre heures du matin, j’enverrai un refus aux avant-postes et ce soir nous commencerons notre mouvement de retraite sur l’Oglio, où l’on peut se défendre. »

Charles-Albert mangea alors un peu d’omelette faite par la servante du curé, puis toutes les dispositions furent prises pour le départ. À 11 heures du soir, le roi suivant la division du duc de Gênes quitta les champs de Goïto, théâtre d’une de ses pre-