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CHAPITRE PREMIER

De retour à Paris, je fus mis en rapport par mon cousin, le comte Maximilien de Lambert, directeur au ministère des affaires étrangères ; avec la famille du baron de Billing, ministre de France en Danemark, d’origine alsacienne. Les Billing habitaient Colmar où ils avaient eu avec ma famille des relations très affectueuses.

La belle-mère du baron de Billing, Mme de Courbonne, avait en 1846 un salon des plus agréables. Elle occupait un petit entresol, rue d’Anjou, au coin de la rue de la Ville-l’Évêque. On y voyait un magnifique portrait de lady Acton, belle-fille du ministre de la reine de Naples Marie-Caroline, et mère du cardinal Acton que j’avais connu à Rome. J’y rencontrai les personnages les plus distingués du monde parisien, le comte Molé, Mme Récamier à qui je fus présenté et qui me dit très gracieusement que sans me voir (elle était aveugle) elle me jugeait au timbre de ma voix.

Un jour, la conversation s’engagea entre Mme de Courbonne et une de ses amies, Mme de Nansouty, née de Vergennes, sur Sophie Gay et sa fille Delphine.

« Mme Sophie Gay, dit Mme de Nansouty, n’est jamais allée dans la bonne compagnie pendant sa jeunesse. Elle n’a été reçue dans les salons du faubourg Saint-Germain que lorsque sa fille Delphine