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CHAPITRE SEPTIÈME

drie sur le flanc gauche et les derrières des Autrichiens, à qui il eût fallu au moins trente mille hommes, — c’est-à-dire plus de la moitié des forces qu’ils pouvaient mettre en ligne sur le Tessin, — pour observer et contenir les Piémontais. Ceux-ci avaient soixante bataillons de six à huit cents hommes en moyenne et deux bataillons de carabiniers comptant douze cents hommes, — soit quarante à quarante-cinq mille hommes pour l’infanterie. Leur armée avait plus de cent bouches à feu et trois mille six cents chevaux. Elle avait une réserve de trente à quarante mille hommes ; elle était donc en état de soutenir une guerre défensive. Mais elle était démoralisée, n’ayant aucune confiance en ses chefs dont un grand nombre avaient été changés. Il n’existait aucun lien entre les officiers et les soldats ; les sous-officiers, trop nombreux, n’avaient ni zèle, ni autorité. Cette armée, battue alors qu’on avait voulu lui persuader qu’elle était invincible et qu’on lui répétait chaque jour qu’elle avait toujours été victorieuse et que les circonstances seules avaient servi les Autrichiens, savait à quoi s’en tenir. Devant l’ennemi elle avait perdu toute confiance.

L’inquiétude de la population sur le risque d’une marche audacieuse qui aurait pour but l’occupation du nord du pays, les Autrichiens passant le Tessin