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CHAPITRE HUITIÈME

d’un cœur léger. Cependant à certaines heures, à la tribune même de la Chambre, des avertissements sérieux semblaient une revanche du bon sens.

« Vous demandez, dit un jour le général Perrone, ce que la France a fait pour vous ; elle a réuni l’armée des Alpes, qui a été une menace incessante contre l’ennemi, à l’heure même où vous repoussiez le concours de cette armée dont l’existence seule a arrêté les Autrichiens sur les bords du Tessin par la crainte de l’amener en Italie. Maintenant que vous avez devant vous une armée triple en nombre qui peut dénoncer l’armistice dans un délai de huit jours, la France, en vous garantissant la ligne du Tessin, vous donne des frontières invulnérables. Cela vaut mieux que si elle vous bâtissait sur ces frontières deux forteresses comme Vérone et Mantoue. Vous considérez la médiation comme rien : fort bien ! mais au moins soyez reconnaissants pour le passé, comptez-la pour quelque chose dans le présent tant que vous n’êtes pas prêts ; et quant à l’avenir, examinez la situation de l’armée et l’état moral du peuple pour savoir si vous êtes en état de vous passer de la médiation et de combattre seuls un colosse comme l’Autriche. Quant à l’armée, nos rapports vous prouvent qu’elle n’est pas en état de combattre seule l’armée autrichienne ; et pour ce