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MES SOUVENIRS

de pareilles mesures, les dénonçant comme une insulte pour l’armée, ainsi chassée de Gênes. Un vif mécontentement se produisit dans l’armée, quoique M. Buffa fût en partie désavoué par le président du conseil.

On alla même jusqu’à colporter des pétitions au mépris de la discipline. Le duc de Savoie, fils aîné de Charles-Albert et héritier présomptif de la couronne, était un des plus animés contre Gioberti. Il fut décidé que Gênes conserverait une garnison de trois mille hommes, et que le fort de l’Éperon serait remis à la garde nationale qui fut consultée et qui délibéra sur les conditions de cette transaction.

La querelle paraissait apaisée lorsque M. Buffa vint tout compromettre de nouveau par une proclamation des plus maladroites. Pour rehausser le mérite des destinées que l’armée constitutionnelle semblait devoir accomplir, il s’avisa de comparer son ancien état à celui des gladiateurs de l’antiquité. L’armée s’agita de nouveau ; presque tous les officiers ayant servi sous l’ancien régime et appartenant en grande partie à la noblesse se sentirent offensés par cette comparaison. Leur ressentiment, leur fureur, étaient difficiles à calmer sans infliger à M. Buffa un désaveu formel, ce que n’osait faire Gioberti.

On essaya de répandre dans l’armée une adresse