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MES SOUVENIRS

soumis d’une manière absolue à l’autorité spirituelle du Pape et que, comme ministre, il regardait son autorité temporelle comme indispensable au salut de l’Italie et qu’il ferait son possible pour la rétablir. Il se déclarait très hostile à toute tentative républicaine.

« Les républicains unitaires de l’École de Mazzini, disait-il, partent de ce principe que les princes ne veulent la guerre qu’autant que les moyens employés pour la faire ne menacent pas leurs couronnes, tandis que la guerre contre une puissance colossale comme l’Autriche n’est possible qu’à la condition de la réunion des efforts unanimes de vingt-cinq millions d’Italiens. Selon eux, une révolution est le seul moyen de réaliser cette union : tant qu’elle n’aura pas eu lieu, il n’y aura aucun succès à espérer ; on sera toujours trahi par les Princes et par les partis rétrogrades. L’élu du peuple faisant lui-même ses affaires et disposant des ressources qu’offrent les biens de l’aristocratie et du clergé peut seul donner l’espoir de vaincre. »

Gioberti repoussait de toutes ses forces un pareil programme : « L’Italie n’est pas mûre pour une république, elle n’engendrerait que des rivalités de ville à ville pour la destruction des États et de l’autorité princière. Le roi de Piémont étant sin-