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MES SOUVENIRS

sacrifices d’hommes et d’argent demandés à cette province pour une guerre à laquelle elle n’avait aucun intérêt.

La Savoie coûtait au Piémont environ 600,000 fr. de plus qu’elle ne lui rapportait. Mais elle était une pépinière d’excellents soldats, — ce qui était beaucoup pour un pays qui n’avait que quatre millions et demi d’habitants et qui avait la prétention d’entretenir une armée de cent mille hommes.

D’autre part la Savoie avait quelques fabriques dont la concurrence était très nuisible au commerce piémontais. Mais la maison régnante tenait à cette province parce que c’était d’elle qu’elle tirait son origine, et l’aristocratie savoisienne était attachée à la maison de Savoie dont elle tenait tous ses avantages, titres, emplois, charges de cour. Ce fut cependant un membre de cette aristocratie, M. Costa de Beauregard, très influent en Savoie où il avait établi sur ses terres des institutions modèles pour l’agriculture et l’instruction publique, qui porta à la tribune les doléances de cette province écrasée d’impôts, épuisée d’hommes, dont la situation était devenue intolérable. La classe populaire ne désirait que la réunion à la France parce que c’était en France qu’elle trouvait le travail nécessaire à son existence et que la réunion devait la délivrer des