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CHAPITRE NEUVIÈME

Les élections, conséquence de la dissolution de la Chambre, approchaient. Elles devaient avoir, lieu le 22 janvier 1849. Personne n’en pouvait prévoir les résultats. La révolution française avait passé sur le Piémont par le fait de l’annexion de 1796 et par l’introduction de nos codes et de notre administration jusqu’en 1814. À cette époque, il y avait eu une reprise à peu près complète du régime antérieur à ces vingt années. Cette reprise avait eu lieu sans secousse, sans contestation, les mœurs n’ayant point eu le temps de se façonner aux institutions démocratiques françaises. Les codes français avaient disparu : les dispositions les plus aristocratiques, relatives à la puissance paternelle, aux successions, etc., avaient été remises en vigueur, la noblesse était redevenue maîtresse de tous les emplois de l’armée et de la magistrature qui formaient à peu près les seules carrières ouvertes à l’intelligence et à la fortune en Piémont. La noblesse qui disposait seule de ces emplois avait par là une immense influence. Les arts, la littérature, étaient nuls dans la capitale, le commerce y était très restreint ; la noblesse qui y était très nombreuse exerçait sur l’esprit public une véritable domination par son existence collective et par les liens étroits qui l’unissaient au pouvoir. Cette domination s’était étendue sur tout le pays, grâce à