Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/261

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
252
MES SOUVENIRS

cependant les conservateurs n’obtinrent pas plus de trente-cinq sièges à la Chambre. L’élection s’était faite contre la noblesse et le clergé. Elle aggrava les embarras de Gioberti qui se retrouvait sans contre-poids en présence de ses amis et en face d’une opposition républicaine peu nombreuse, il est vrai, mais très énergique.

Le cercle politique de Gênes, encouragé par les résultats du scrutin et par les mouvements révolutionnaires de Borne et de Florence, perdit toute mesure. Il prononça la déchéance du roi Charles-Albert, l’institution d’une Constituante italienne par le suffrage universel, la dissolution de la garde nationale. Gioberti déclara à M. de Bois-le-Comte qu’il avait écrit sur-le-champ lui-même, sans consulter ses autres collègues, à M. Buffa pour le charger de dissoudre immédiatement le cercle politique de Gênes en lui témoignant son étonnement de ce que cette mesure n’eùt pas encore été prise par lui. « Je lui ai ordonné, ajouta-t-il, de chasser à l’instant de Gênes tous les étrangers qui s’y trouvaient et qui étaient les auteurs des troubles de cette ville. M. Buffa m’a répondu que je ne pouvais de Turin me rendre compte de toutes les difficultés de sa position à Gênes, qu’il était bien décidé à faire fermer le cercle politique, mais qu’il devait être juge de