Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/280

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prononcer. Il faut attendre ce moment, mais en prenant nos précautions pour que la République n’envahisse pas le Piémont, car c’est là toute la question et je ne m’en laisserai pas distraire.»

Charles-Albert paraissait d’accord avec Gioberti. Il avait repris de fait le commandement de l’armée, et l’insurrection hongroise lui donnait, ainsi qu’à son ministre, beaucoup d’espérances. Par le roi, Gioberti disposait de l’armée et du parti conservateur ; par lui-même, il disposait du parti libéral. Jamais il n’avait cru sa situation plus fortement assise. Une intrigue que Charles-Albert n’eut pas la fermeté de repousser le renversa brusquement.

La situation de la Toscane était lamentable malgré la présence de six bataillons piémontais à Lucques et à Pise, bataillons dont on n’osait pas se servir pour maintenir l’ordre. « Une bande de fous et de coquins du plus bas étage, écrivait de Florence Massimo d’Azeglio le 12 novembre 1848, sont parvenus par l’intimidation à se rendre les arbitres du pays. »

Depuis longtemps Livourne était dans un état d’insurrection permanent. Le grand-duc s’était résigné à charger les représentants de l’opinion la plus avancée — MM. Guerraszi et Montanelli — de former un ministère. Celui-ci s’était entendu avec le gou-