Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/289

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mais il eût pu avoir le dessous ailleurs et les chances de cette scission étaient incalculables. On a fait appel à mon dévouement pour l’empêcher, et je crois avoir fait acte de bon citoyen en acceptant. Les ministres espèrent que mon nom et mon passé rassureront le parti conservateur, tandis qu’eux maintiendront leurs amis. Leurs liaisons avec le parti duquel émane le désordre peuvent en effet conjurer le danger des rues, mais je crains qu’ils n’aient pas autant d’empire sur la Chambre et surtout sur Valerio qui la conduit et qui a ses vues particulières. Sa conduite envers Gioberti qu’il a abandonné si promptement après s’en être servi longtemps prouve combien peu l’on doit se fier à lui. Or c’est cette Chambre qui a forcé la volonté du roi pour le renvoyer, et l’on peut s’en servir encore pour me renvoyer, moi, ce qui ne sera pas difficile, car je ne céderai pas sur ce que je crois nécessaire. Ce sera une grande difficulté que de repousser la reconnaissance des républiques de l’Italie centrale, mais la difficulté sera bien plus grande pour résister à la guerre. Le programme de Gioberti auquel je me suis rattaché ne la repousse pas, au contraire, et l’accepte implicitement, et l’adresse de la Chambre y pousse avec une grande énergie. Comme homme, comme citoyen, je la repousse, convaincu que c’est une