Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/327

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
318
MES SOUVENIRS

malade. Charles-Albert avait quitté le Piémont sans la revoir.

Elle fit revenir d’Oporto les meubles de sa chambre ; ils étaient en acajou recouverts de soie verte. Elle les fit placer au Palais de Turin dans une des pièces de son ancien appartement. Le valet de chambre qui l’avait rejoint en Portugal les disposa comme ils l’étaient au moment de sa mort. La reine fit peindre cette scène de douleur dans un tableau où figuraient toutes les personnes qui y avaient assisté.

Deux mois avant de mourir, le 14 mai 1849, Charles-Albert avait reçu une députation de la Chambre des députés de Turin. Avant sa dissolution elle avait décrété que Charles-Albert avait bien mérité de la patrie, lui votant l’érection d’une statue et ordonnant qu’une députation solennelle lui porterait dans sa retraite l’expression de l’admiration et de la reconnaissance de son peuple.

Dans sa réponse, Charles-Albert dit aux commissaires envoyés par la Chambre : « Nonobstant mon abdication, si jamais il éclatait une guerre contre l’Autriche, quelle que fût la puissance qui la lui fit, j’accourrais sur-le-champ, même comme simple soldat, prendre ma place dans les rangs de ses ennemis. — Seulement je ne puis pas retourner