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MES SOUVENIRS

Les horreurs de la guerre apparaissaient dans toute leur hideuse réalité.

Le 27, je dus repartir pour Turin, M. de Bois-le-Comte étant venu lui-même à Novare avec sir Abercromby ; il me fallait aller reprendre mon poste. Le marquis Scarampi m’accompagna. La comtesse de Robilant resta près de son fils, lui prodiguant les consolations de sa tendresse maternelle et ne le quittant pas jusqu’à ce qu’il fût possible de le ramener à Turin.

Quoique ayant prêté le 29 mars serment à la Constitution et ayant reçu en séance solennelle le serment des sénateurs et des députés, Victor-Emmanuel s’abstenait de se faire voir au palais de Turin. Il avait sa résidence tantôt à Verceil, tantôt à Casal, tantôt à Alexandrie. Il attendait que l’acte d’abdication en forme fût arrivé à Turin. Privé de nouvelles il continuait à venir me voir de nuit, 3, via Carlo-Alberto, sous le nom de M. Martin. « Que fera l’Angleterre, me disait-il ? que fera la France ? La France va-t-elle bientôt me reconnaître ? » Je répondais qu’il pouvait être certain des résolutions favorables des cabinets de Paris et de Londres, mais qu’il y avait un parti à Turin qui ne voulait pas entendre parler de lui avant qu’on eût reçu l’abdication en forme du roi, son père. On ne vous croit pas assez Italien.