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CHAPITRE DEUXIÈME

quatre heures du soir, à la sortie des classes, une centaine de jeunes gens se groupèrent et réclamèrent la mise en liberté de leurs camarades arrêtés la veille pour lesquels ils revendiquaient le privilège d’être jugés par le corps des professeurs. On leur enjoignit de se séparer. Le comte Balbo, ministre de l’intérieur, modéré, capable et populaire, vint en personne les engager à la soumission : rien n’y fit. Le comte de Revel, gouverneur de Turin, et le général comte de Venançon ne furent pas plus heureux. Ils prirent des mesures militaires pour assurer la tranquillité de la ville. Plusieurs compagnies du régiment des grenadiers de la garde furent placées sur la place du château ; les troupes furent consignées dans leurs quartiers respectifs. Les étudiants élevèrent alors une barricade sous les arcades qui sont devant la porte de l’Université, située dans la belle rue du Pô. Les troupes reçurent l’ordre d’enlever et de détruire la barricade. Lorsqu’elles s’ébranlèrent, elles furent reçues à coups de pierres et, dit-on aussi, par deux coups de pistolet. La barricade fut emportée à coups de sabre et de baïonnette ; une trentaine d’étudiants forent blessés et cinquante furent mis en état d’arrestation.

La population n’avait pris aucune part à l’émeute, mais die avait donné des signes de vive commiséra-