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MES SOUVENIRS

tion lorsqu’elle avait vu passer les étudiants blessés ou emmenés prisonniers.

Un incident qui obligea le prince de Carignan à intervenir personnellement contribua à surexciter les esprits. Le prince, âgé de vingt-deux ans, avait été nommé chef du corps de l’artillerie. Un officier de ce corps, sans aucune nécessité, s’était joint, le sabre à la main, aux grenadiers qui avaient chargé cette poignée d’enfants. Huit ou neuf autres officiers appartenant à différents corps en avaient fait autant, prenant part, en amateurs, en dilettanti, à une répression jugée excessive.

La liste en fut dressée, affichée à toutes les portes. Le bruit se répandit que le stylet des carbonari les guettait.

Le corps des officiers d’artillerie, indigné de la conduite d’un de ses membres, se rendit chez le prince de Carignan, lui déclarant qu’ils démissionneraient en masse si l’officier coupable de cet excès d’ardeur n’était pas renvoyé. Le prince de Carignan le fit venir et l’invita à donner sa démission, ce qu’il fit.

Ces événements étaient suivis avec un intérêt tout particulier à la cour de France, le roi Louis XVIII et son frère le comte d’Artois ayant épousé deux princesses de Savoie, sœurs du roi Victor-Emmanuel Ier.