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MES SOUVENIRS

et à ses relations avec le cabinet sarde un témoignage que je suis heureux d’avoir à consigner dans ma première dépêche. »

Le nouveau ministre de France était un homme de petite taille, haut en couleur, la figure bourgeonnée, louchant d’un œil, et, malgré des apparences aussi peu élégantes, ayant beaucoup de prétentions dans son langage et dans ses manières. Ses formes polies et ses paroles mielleuses paraissaient au premier abord de la cordialité, mais en réalité il était fort tracassier, d’un commerce difficile, vaniteux et susceptible, sans être méchant au fond. Très actif, mais très personnel, il se reprochait quelquefois lui-même ses imperfections de caractère.

Son père avait jadis fondé le Moniteur Universel de concert avec Maret, le futur duc de Bassano. Ayant été pendant quelque temps secrétaire de l’ambassade de France à Constantinople, il aimait à citer des proverbes turcs, notamment ceux-ci : « Fais le bien et jette-le à la mer ; si les poissons l’ignorent, Dieu le sait, » — « Baise la main que tu n’as pas pu couper. »

Il loua rue de l’Arc dans les nouveaux quartiers de Turin, en dehors des fortifications de la ville, l’hôtel du comte de Valperga di Masino qui avait épousé une Française, Mlle  de Gouy d’Arcy. Peu de temps