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CHAPITRE DEUXIÈME

1821 & Pignerol, à Fossano et à Alexandrie. La garnison de cette dernière ville, forte de trois régiments, deux d’infanterie et un de cavalerie, fit une manifestation réclamant une constitution, la guerre contre les Autrichiens, leur expulsion de l’Italie, la proclamation de l’indépendance italienne et l’agrandissement du royaume de Sardaigne. Deux régiments de cavalerie quittèrent leurs garnisons pour se joindre au mouvement qui gagnait de proche en proche dans l’armée.

La stupéfaction de Victor-Emmanuel Ier et de sa cour fut extrême. Quelques jours auparavant, le 5 mars, le roi avait passé à cheval, sur la place de Turin, la revue des régiments de la garde et de la garnison de Turin qui comprenait environ 5,000 hommes d’infanterie et de cavalerie. On répétait partout qu’il n’y avait pas de troupes plus fidèles, et Victor-Emmanuel Ier parlait avec complaisance de ses soldats. Le 18, il ne restait plus rien : roi, armée, monarchie, tout avait disparu.

Le roi songea un instant à faire appel au prince de Carignan et à l’envoyer à Alexandrie pour apaiser l’insurrection, en usant de l’influence qu’on lui supposait sur les insurgés. Celui-ci refusa, craignant d’être retenu, mis à la tête des révoltés et d’être obligé de marcher sur Milan.