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MES SOUVENIRS

tique y avait seul accès. M. de Butenval y présenta au duc de Gênes MM. Delessert et de Brissac. En dehors du corps diplomatique il ne s’y trouvait encore que le comte Pralormo. Plus tard arrivèrent les chevaliers de l’ordre de l’Annonciade et les ministres. Il régnait un profond silence. Lorsque la duchesse de Gênes eut parcouru le cercle des dames, le marquis d’Angrogna vint lui annoncer que le bal allait commencer. Elle l’ouvrit avec le doyen du corps diplomatique, le comte de Redern, ministre de Prusse. La duchesse de Gênes était une charmante femme, de taille moyenne, très blonde, le teint frais, les yeux bleus. Elle avait la figure régulière et agréable, des dents magnifiques. Elle portait une robe de soie parsemée de petites fleurs diamantées, garnie de franges d’or et d’argent : elle avait un triple collier de diamants, d’une grosseur peu commune, qui avait appartenu à la reine Marie-Christine, femme de Charles-Félix. Le bal durait depuis une heure lorsqu’on annonça le roi. Il entra accompagné du duc de Gènes et de ses aides de camp, du général Dabormida et de quelques autres officiers. Il ne resta que pendant une demi-heure. Je demandai au duc de Gênes pourquoi Sa Majesté s’était retirée si tôt. Il me répondit que son frère était fatigué de la chasse et qu’il avait à travailler. Puis il me dit :