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CHAPITRE DIXIÈME

Elle était en robe blanche garnie de velours noir. Ses magnifiques diamants étaient très admirés. Le duc de Brabant portait le grand cordon de la Légion d’honneur. L’Empereur, en culotte courte avec des bas noirs, dansa avec sa belle-sœur, la duchesse d’Albe, qui ressemblait en beaucoup moins bien à l’Impératrice. Ni elle ni la comtesse de Montijo n’avaient rang à la cour. Lady Cowley, assise à côté de l’Impératrice, ne se leva pas pour faire place à Mme de Montijo, à qui aucun siège n’était réservé. Celle-ci était laide et maigre ; cependant on retrouvait dans sa physionomie quelques-uns des traits si charmants de l’Impératrice.

Le prince Adalbert de Bavière s’était trouvé à Paris en même temps que la reine d’Angleterre à l’occasion de l’Exposition. Il n’avait pas réussi. Il affectait de très hautes prétentions, réclamant la préséance sur le prince Albert d’Angleterre. On lui fit comprendre que, s’il persistait, il ne recevrait plus d’invitation pour les réceptions de la cour. Il assista au départ de la reine d’Angleterre ; l’Empereur lui dit de la façon la plus naturelle du monde : « J’espère que vous ne quittez pas encore la France ; par conséquent sans adieu. » Il ne comprit pas le sens de la locution française sans adieu, et il vit dans ces mots « une offense intolérable », pour la-