Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 10, Le jour des mes Pâques, 1916.djvu/15

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de mal. Pour bien faire, j’ai caché mon poing avec la pièce derrière mon dos, pendant que mon pârain se retournait de notre côté et disait à Génie : — Si on savent çou qu’ çoula costeye pu tard, di lèver ine èfant, on les sohaitereut turtos âx diale qui les arètche qwand c’est qu’on v’vint houkî po z’aller à baptemme.

Puisqu’on ne m’acompte pas, je m’en vais, en criant : A revoir, à revoir ! et quand je suis derrière la haie près de la baille, je rouvre ma main qui est toute rouge : encore cinq francs ! Qui est-ce que j’irais bien voir maintenant ? Mais je n’ai pas des autres parents, et il me faut retourner chez nous. Tout près de notre maison, dans le petit cabaret, il y a encore le père de Zante avec le sale maçon Lodomé ; ils sont encore beaucoup plus soûls qu’au matin et Djôre a mis la casquette de Lodomé toute plaquée de moèrti sur sa tête, et le maçon, lui, a son chapeau. Ils tiennent un grand « frèsé » de pèket près de leur bouche et au moment de boire, ils parlent encore bien longtemps :

T’en’ n’ a bourdé !

Et ti, t’a minti.

T’en’ n’ a contruminti !

Taisse-tu, sôleye, t’en’ n’ a minti par lè trinte-deux brokes qui t’a s’ t’ el gueuye !

Qu’est-ce que je vois dans la horotte, assis au bord ? Zante, tout malâte, avec un gros cigare allumé dans sa main. Il a vômé, et il crache encore un peu. Il a sali son beau costume en vômant ; c’est un costume noir, fait comme toujours et qui servira encore plus tard, tandis que le mien, il est fait exprès