Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 10, Le jour des mes Pâques, 1916.djvu/8

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un peu, je lui flanquerai mon poing dans le dos et je lui casserai son peigne.

On a chanté au doxal, l’orke a joué très fort et tout gros, puis tout fin, et le curé a bien parlé dans sa perlôdje ; il a raconté que Napoléon avait dit que le jour de sa première communion est le plus beau jour de toute sa vie. Cela devenait si long et nous avions si’ faim, nous autres. Et voilà que deux garçons ont flâwi, un grand maike, près de moi, et le petit de chez Badat. Et trois ou quatre filles aussi ont tombé fèp. Alors la femme Djôre, la maman de Zante, a venu et nous a fait boire tous à une grande pinte de fer-blanc qu’elle avait apporté. Il y avait du café au lait froid, dedans, tout sûr, et la pinte sentait encore la bière. Puis une vieille dame qu’on ne connaît pas a passé aussi dans nos rangs ; elle ressuyait ses yeux avec un beau mouchoir à bord noir, et elle tenait un grand sachet où que nous avons pris chacun un long macaron avec du chocolat plaqué dessus ; c’était si bon, j’aurais bien voulu encore un, mais elle a été les donner aux filles ; si j’aurais su, j’en aurais pris deux d’un coup.

Après que c’était fini, on a rentré vite pour manger. Les pâquettes faisaient la demoiselle, tenez, toutes fières et faisant semblant de ne pas connaître personne. Même la celle de chez Matriche, qui tenait encore ses mains jointes quand il ne fallait plus, jusque sur la rue, en penchant sa tête de côté, comme une des postures qui sont au mur dans l’église. Et en passant près de moi, elle m’a vu et a fait une grimace en montrant sa langue ; et alors j’ai mis mon poing sur le milieu de mon