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barre de travers. Puis nous allons à toutes les portes et il pousse les verrous en mettant la lanterne tout près pour voir. Avec leurs verrous poussés dans le mur les portes ont l’air solide et méchant, et je ne les reconnais presque plus parce qu’elles me semblent autrement que du jour. Par en dessous il vient du vent ; ça houle si fort comme une bête qui souffle avec sa gueule en poussant, pour entrer.

Et les petits barreaux font des grandes ombres partout, à terre et sur les murs, et elles vont si vite, comme si quelqu’un était caché et faisait des signes avec des longs bois noirs. J’ai peur.

Dans l’écurie des vaches, il y en a une qu’on appelle Braibant qui n’est pas couchée, mais les autres c’est comme des gros paquets qu’on dirait qu’elles ne pourront jamais se relever.

Braibant, elle, se retourne lentement pour voir ce qu’on veut avec la lanterne. Elle mangeait justement, et elle continue à faire tout doucement niam, niam, comme pour compter ses bouchées. Avec son ventre qui barloque entre ses quatre maigres pattes, c’est comme deux hommes qui portent une barre sur leurs épaules avec un lustre qui pend enveloppé dans une toile.

Près des chevaux maintenant. On arrange un peu leur paille et on remet du foin dans leur russli pour qu’ils mangent quand ils ne savent pas quoi faire.

Mon oncle a mis la lanterne sur la huche