Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 3, Pour les voleurs, 1916.djvu/14

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vois encore des fis d’arkas d’or et des mouches d’argent qui font des ronds. Et voilà que je pense au voleur qui est dans le cahier de Zante, avec une croix sur le front. S’il allait venir maintenant !

Je crois qu’il est en bas des escaliers et qu’il va monter ; j’entends chaque gré qui crie, mais je ne savais pas qu’il y avait tellement des escailers ; il n’arrive jamais ! Aha ! ce n’est pas lui qui monte, c’est mon cœur qui batte, tellement que j’ai peur ! Pourtant voilà qu’il me semble qu’il crie tout doucement avec une grosse voix comme dans un beurlô.

Qu’est-ce qu’il veut dire ? on ne comprend pas les mots ; est-ce que les voleurs doivent parler comme ça ? Puis il crie encore plus gros comme s’il tournait son beurlô de notre côté. Comme j’ai peur donc ! Mais c’est peut-être la vache Braibant qui brait comme ça !

Et j’entends roubiner tenez maintenant, comme si on frappait contre le mur, en bas avec des marteaux.

Est-ce que le voleur veut faire un trou dedans pour venir me prendre ? Il frappe, il frappe, je crois que le trou avance, et qu’il va arriver et me tirer par les pieds ; je les rasèche en dessous de moi-même. Et voilà qu’il rie d’une voix si drolle et si méchante, que je crois que je vais tomber faible de peur. Mais c’est peut-être Bayard qui crie et gratte avec sa patte quand il veut pleuvoir.

J’ai fait venir ma tête tout doucement hors d’en dessous des couvertures et je me