Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/175

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et Pierre qui se servaient si courageusement du couvert à poisson, dès qu’une femme entrait ou qu’on apportait un plat, de constater, avec ce dédain en quoi les âmes innocentes et simples vont chercher le signe de l’aisance, de la liberté. Ya mieux mais c’est plus cher, et, chaque fois, M. Arthur de reprendre en écho, avec un rire que sa bonne humeur amplifiait : Quand c’est mieux, que ça coûte plus cher.

Après le dîner, promenades à la foire, où, Pierre n’ayant pas voulu entrer dans la baraque du musée Dupuytren, on en avait profité pour le semer. Comme toujours, il se refusa spontanément à croire en quelque mauvaise inspiration de la part de son fuyant ami, chez lequel il se rendit, persuadé qu’il y était attendu. La porte de l’appartement était, non fermée mais simplement poussée, et, dans cette négligence, il vit une intention à son égard, jusqu’au moment où, au seuil de la chambre de Bruggle, il vit M. Arthur qui dansait, le béret du marin sur sa tête, tandis que ce dernier, un verre à la main, tout au souvenir d’un bar sur le quai Cronstadt, au seuil de l’eau, sentimental, se rappelait un refrain :

Lorsque ta chair frôle ma chair.

Et M. Arthur, comme s’il avait décidé de ne rien dire ou chanter que n’eût dit ou chanté l’accordéoniste pour continuer son charleston solitaire, s’accompagnait