Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/188

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risquerait fort d’être confondu avec celui de la dureté, voire même du sadisme.

Au reste, Pierre qui, en Bruggle, à tout le reste préfère la jeunesse, n’ignore pas que cette jeunesse est moins une grâce animale, ou un gros rire, ou le besoin de remuer bras et jambes que cet égoïsme tout rose qui l’empêche de prendre conscience d’un tort, d’une brutalité. Ainsi M. Arthur, au moment même où il fera preuve de la plus inutile rudesse, sera convaincu de sa grande douceur, ou bien sentira croître sa force, s’il exagère une indifférence ou un mépris gratuit, et sans jamais avoir la moindre notion du paradoxe, se réjouira et se réjouira gravement d’être appelé « le Brummel des bals-musettes », car ce n’est pas rien pour lui que de régner sur le petit monde des boxeurs ou des chiffonniers pédérastes de la porte des Lilas. De même chaque fois que Pierre l’appelle M. Arthur, il prend « un nouveau conscience de son dignité » et de ce « nouveau conscience de son dignité » Pierre ne se laisse toucher que pour mieux souffrir, dirait-on, du regard, de la parole ou du geste par quoi il se manifeste. En outre, M. Arthur qui déclare à tout propos : « Je sais donner mes leçons » ne craindra point de réprimander Pierre en public, de lui faire subir certains affronts devant des tiers, et particulièrement de lui reprocher un manque d’égards pour les habitués des bouis-bouis des faubourgs, où d’ailleurs il ne le traîne que parce