Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/191

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— Tu ne disais rien mais tu avais ton silence insolent. J’aime qu’on soit poli avec mes amis.

— Tes amis, Totor et Armand, tu ne sais même pas d’où ils sortent.

— Je les ai rencontrés dans un bal de la porte des Lilas : Au Lapin vengeur, riposte Bruggle du ton dont il dirait « Je les ai vus pour la première fois à une soirée chez la duchesse de X ou la princesse Y ».

Pierre ne répond pas. Arthur reprend :

— Allons, va leur faire tes compliments.

— Non.

— Tu n’es pas poli. Tu n’as pas de tact.

— Tu en as sans doute beaucoup, toi, qui offres au premier truqueur venu un mouchoir que je t’ai offert.

Arthur tout à coup a son mauvais visage, celui des jours où il sent qu’il a tort, ne veut pas en convenir et ne sait comment faire pour que son charme agisse et ait raison. C’est alors que toujours il parle de ses droits, se déclare un grand artiste, se vante à la fois d’être un sauvage et un gentleman et hausse le ton pour en imposer par quelque « Non sens » ou « Assez ».

La Roumano-Scandinave qui flaire une dispute s’approche.

— Ça ne marche pas les amours.

Bruggle explique, à sa manière : Pierre n’a pas un gentil caractère. Il essaie de ruiner mon soirée. Il ne sait pas se conduire dans le monde. Il n’a même pas