Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/101

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se demandait plus ce qu’il voulait faire d’elle. Peu lui importait ! Elle le voyait chaque jour, pour ainsi dire à chaque heure, et elle n’avait plus qu’un seule crainte : celle de sortir de ce beau rêve pour retomber dans la réalité.

Quant au prince, il semblait inquiet, préoccupé, impatient.

Lorsqu’il furent rentrés dans leur appartement, Véra, comme de coutume, se retira dans sa chambre, où Julie la suivit. Peu d’instants après, elle se mettait au lit, fiévreuse, frissonnante, car Pierre avant de la quitter, l’avait embrassée avec une sorte de tendresse passionnée qui l’avait profondément troublée. Au contact prolongé de ses lèvres brûlantes sur son front, la douce vierge avait fermé les yeux et s’était sentie défaillir.

Un quart d’heure à peine s’était écoulé, quand la porte de sa chambre s’ouvrit.

C’était le prince. Ainsi qu’il en avait l’habitude, il allait sans doute traverser la pièce pour se rendre chez lui, et Véra souriait déjà pour répondre au bonsoir qu’il lui envoyait toujours au passage, mais le mari de Lise Barineff, au lieu de suivre son chemin, s’approcha du lit, pour prendre place sur le fauteuil où, dans un féminin désordre, se chiffonnait, tiède et parfumé, le peignoir de soie que la jeune fille venait de quitter.

Toute surprise, Véra se souleva à demi, adorablement jolie dans ce mouvement de chaste confiance, et pour répondre aux regards interrogateurs de ses beaux yeux, Pierre Olsdorf lui dit, en saisissant sa main :

— Ne craignez rien, ma chère enfant ; écoutez-moi !

— Oh ! je n’ai pas peur, fit-elle, avec un naïf abandon, en laissant dans celle du prince sa petite main qui tremblait.

Pierre poursuivit, plus ému qu’il ne voulait le paraître :

— Le moment est arrivé de me donner une grande preuve de votre dévouement. Dans quelques instants, il se produira ici un événement qui vous semblera inexplicable, événement dans lequel vous jouerez le premier