Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/129

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— Pardonne-moi, dit l’ex-princesse Olsdorf à Paul en se jetant à son cou.

— Que je te pardonne ! Eh quoi ? répondit M. Meyrin en riant ; je viens d’en entendre bien d’autres chez moi. Tous ces gens-là sont trop bêtes ; je te demande pardon de m’exprimer ainsi ; je ne t’aimerais pas autant que je t’aime qu’ils me feraient t’adorer.

Il la serrait dans ses bras à l’étouffer, couvrant de baisers ses yeux et ses lèvres.

Soudain un coup de sonnette se fit entendre, et presque aussitôt le valet de pied entra pour remettre à sa maîtresse une lettre qu’un commissionnaire venait d’apporter de la gare du Nord.

Cette lettre était du prince.

Après en avoir lu rapidement les premières phrases, Lise jeta un cri, en s’affaissant dans un fauteuil.

« Madame, écrivait Pierre à celle qui avait été sa femme, le divorce m’ayant laissé la garde de mes enfants, j’emmène ma fille Tekla. Au moment où vous recevrez ces lignes, nous serons déjà en route pour la Russie, qui vous est fermée par mon ordre. »

L’époux outragé se vengeait sur la mère ! Du moins, dans son désespoir, la divorcée le comprenait ainsi.

Le prince terminait en ces termes :

« Rappelez-vous l’engagement que vous avez pris de vous marier le plus rapidement possible, si vous ne voulez pas que je revienne à Paris pour tenir le serment que je vous ai fait.

« Il faut que, dans les délais légaux, vous vous nommiez Mme Paul Meyrin. »

Le peintre avait ramassé cette lettre échappée des mains tremblantes de sa maîtresse et il restait devant elle, muet, la tête baissée, sans oser même lui adresser une parole de consolation.

Ce jour-là, pour la première fois, il se séparèrent sans prononcer un mot, sans échanger de tendres baisers.