Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/177

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— C’est vrai, reprit le créole en cherchant à rester calme. Eh bien, madame, je viens vous demander moi-même s’il est vrai que, sacrifiant les intérêts de votre enfant à votre ressentiment, vous me refusez les moyens de lui donner mon nom et d’assurer son avenir. Je ne puis croire que votre cœur soit à ce point mauvais. Il ne s’agit pas de vous enlever votre fille, qui pendant son plus jeune âge ne vous quittera pas, mais de me permettre de veiller sur elle, jusqu’à l’époque où il faudra lui faire donner une éducation en rapport avec le rang qu’elle doit prendre dans le monde, et…

— Et de me séparer d’elle tout à fait ! interrompit vivement mademoiselle Berthier en se redressant sur son siége. C’est cela que je ne veux ni aujourd’hui ni plus tard.

— Je suis prêt à tous les sacrifices, reprit M. du Longpré ; si les rentes dont j’ai déposé le capital chez Me Dumarest ne vous suffisent pas, je les doublerai, triplerai. Faites vos conditions vous-même.

— C’est cela ! mère, fais ton prix pour vendre ton enfant ! De l’argent, toujours de l’argent ! Eh bien, non, monsieur du Longpré, vous vous êtes trompé. Écoutez-moi.