Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/208

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aux Champs-Élysées un merveilleux petit hôtel qu’un grand seigneur russe lui avait donné, ne manquait pas une première représentation, et les petits journaux la citaient dans ces énumérations où l’on trouve pêle-mêle, sans qu’une honnête femme ait jamais le courage de protester, tant est grande la vanité féminine, les noms les plus honorables, ceux des comédiennes qui, avec cent écus d’appointements par mois, dépensent ostensiblement cent mille francs par an, et ceux des filles absolument tarifées.

Les voitures de mademoiselle Berthier passaient pour les mieux tenues de Paris ; une véritable cour de gentilshommes et d’artistes se disputait ses sourires ; les femmes du monde copiaient ses toilettes excentriques et soudoyaient ses domestiques, pour savoir comment était installée sa salle de bain et tendue sa chambre à coucher.

On disait alors qu’elle avait un demi-million de diamants, et certains même enviaient Richard de rester l’éternellement aimé de cette femme, dont le corps était au plus offrant, mais dont le cœur lui appartenait toujours.

C’est que notre époque est ainsi faite d’indulgence honteuse qu’on rit volontiers de l’homme qui achète l’amour, et que les plus honnêtes gens