Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/210

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avait suivi à l’étranger nous ne savons quel aventurier, n’avait pas gardé sa fille dans son hôtel. Elle l’eût gênée. La fillette était élevée dans une maison de campagne aux environs de Paris, et Gabrielle la voyait à peine trois ou quatre fois par an.

Quant au commandant, quelques avances que lui eût faites celle dont il avait été le tuteur, il s’était abstenu de retourner chez elle. Lorsqu’il la rencontrait au bois, dans quelque endroit public ou dans ce monde interlope avec lequel, vieux garçon oisif, il n’avait pu rompre, il la saluait, lui répondait laconiquement si elle lui adressait la parole, car elle affectait de le traiter avec la même familiarité et la même amitié qu’autrefois, comme s’il ne s’était rien passé, mais c’était tout.

Avec M. du Longpré, au contraire, les relations de M. de Martry n’avaient pas cessé ; elles étaient peu fréquentes en raison de leur mode d’existence si différent, mais ces messieurs se voyaient parfois. De temps en temps l’ancien officier de marine s’exilait, comme il le disait, pour aller demander à déjeuner au créole, et le plus affectueux accueil lui était toujours fait dans l’hôtel de la rue de Flandre.