Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/225

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C’était bien M. du Longpré qui, peu de jours après sa rencontre fortuite avec Gabrielle et lorsqu’il se fut assuré qu’elle avait quitté Paris, s’était présenté chez madame Brétigny.

Avec sa droiture ordinaire, le créole avait tout raconté à l’institutrice, et la brave femme, comprenant les douleurs de cet honnête homme, n’avait pas hésité un instant à livrer Jeanne à sa tendresse. Elle ne se doutait certes pas de l’espionnage dont elle était l’objet.

La fillette, on le comprend aisément, se prit bientôt de la plus vive affection pour « son ami », qui ne venait jamais les mains vides, la couvrait de caresses et l’emmenait promener dans de belles voitures.

Les enfants sont de grands psychologistes ; ils devinent les sentiments qu’ils font naître : amour ou haine. Ils aiment ceux qui les aiment, et s’éloignent avec un merveilleux instinct de ceux dont les lèvres ont des baisers de Judas.

Ces réunions de Jeanne et de son père, un peu mystérieuses au début, devinrent bientôt plus fréquentes, puis régulières. Au moins une fois par semaine, M. du Longpré venait voir ou chercher sa fille. Un jour même, profitant de ce qu’il savait ne pas devoir rencontrer Blanche rue de