Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/257

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La jeune femme ne lui en laissa pas le temps.

— Ce brave Martry, lui dit-elle, n’était peut-être venu que pour me faire quelque sermon, mais nous nous sommes quittés les meilleurs amis du monde.

— Tu lui as parlé de ton projet de donner un bal ? demanda M. Berney.

— Certes oui, je l’ai même invité.

— Je le regrette.

— Pourquoi cela ?

— Parce que je me soucie peu de me rencontrer avec M. de Martry.

— Mon pauvre Richard, tu n’auras jamais la moindre énergie. Tu as peur du commandant. Quelle autorité a-t-il sur toi ? Si tu n’avais pas commis cent fois la sottise de le prendre pour confident, tu le craindrais moins. Mais tu lui as confié tes pensées ; Dieu sait ce que vous avez échangé de duretés sur mon compte ; et aujourd’hui tu ne tiens pas beaucoup à ce qu’il te les rappelle. Il faut cependant que tu te résignes à le revoir, car tu comprends bien que je ne puis lui fermer ma porte. Forcément il fera partie des quelques intimes que je désire grouper autour de moi. Du reste, tu t’effrayes trop vite ; Martry ne t’adressera peut-être aucun reproche, pas même