Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/261

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nement, les plaisirs du voyage et le changement d’air suffiraient pour remettre sa fille.

Ignorant les causes véritables de l’affaiblissement de Jeanne, et supposant seulement qu’elle regrettait madame Brétigny et ses petites amies, M. Berney n’avait pas osé insister ; seulement il évitait de plus en plus d’arrêter ses regards sur cette enfant dont les traits fatigués et les lèvres pâlies ravivaient ses remords.

Ce qu’il y avait de navrant, c’est que l’odieuse machination de mademoiselle Berthier ne pesait pas seulement sur M. du Longpré et sur sa fille, mais que mademoiselle du Longpré, qui vivait si loin de ce triste monde, en ressentait cruellement le contre-coup.

Blanche, en effet, avait été frappée du changement qui s’était produit en son cousin, et bientôt son cœur, plus encore que son imagination, avait pressenti que Paul souffrait de quelque nouvelle douleur. Craignant qu’il ne s’agit de cette fillette si chère à M. du Longpré, elle se renseigna, et c’est ainsi qu’elle apprit à peu près tout ce qui s’était passé avenue d’Eylau.

Pendant quelques jours, elle hésita sur le parti qu’elle devait prendre, puis, un matin, s’armant de courage et sans consulter madame