Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/301

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dénoués tombaient sur son sein ; ses lèvres de pourpre étaient entr’ouvertes ; de ses bras nus elle détachait, en se cambrant, les derniers liens de son corsage.

— Tu prépares de nouveau contre moi quelque machination odieuse, s’écria son amant ivre de rage et en faisant, le bras levé, un pas vers elle. Je veux savoir la vérité tout entière, ou prends garde !

— Je ne t’ai rien caché, je n’ai rien de plus à te dire, et tu sais bien que tu ne m’effrayes pas, répondit mademoiselle Berthier de sa voix enchanteresse.

— Prends garde, te dis-je, répéta Richard, ne me pousse pas à bout ; parle, parle, si tu ne veux pas que j’en finisse pour toujours avec tes infamies et mes tortures. Ah ! réponds-moi, ou je te tue !

Et le malheureux, les yeux injectés, la bouche écumante, la physionomie bouleversée, s’élança vers la jeune femme, qu’il parcourait de ses regards tout à la fois haineux et lascifs.

— Frappe donc, lui dit-elle hardiment, en faisant, d’un léger mouvement d’épaules, glisser ses derniers voiles jusqu’à terre et en offrant sa poitrine de marbre au poignard de son amant.

Phryné se souvenait de l’Aréopage.

Richard poursuivit sa course en jetant un cri, mais un cri d’amour, et ce fut à genoux, suppliant et désarmé, qu’il tomba près de Gabrielle.